2007-02-28

Delhi, 3 heures du matin

Mon coeur commence à battre très fort. J'ai jamais vécu aussi intensément je crois. Et le pire dans tout ça c'est que je m'en rend pas vraiment compte, je suis dans le feu de l'action, il faut que je me trouve un endroit ou dormir...et vite.

Après avoir bien regardé l'affiche de l'hôtel de Bill, deux drôles d'Indiens me regardent d'une façon peu rassurante. Celui de gauche, un grand gaillard aux yeux louches, me demande le plus normalement du monde:

- Hey, show me your passport!

Heu....je suis tout sauf rassuré par cette phrase la. Je lui répond pas et je prend à ma gauche dans ce qui semble la rue la plus large et éclairée que je vois (2 lumières au 50 mètres...). Et la, le bal commence. Un Indien, deux Indiens, trois Indiens me demandent tous en coeur les yeux plein d'espoir et de roupies:

- You want a room for tonight? Come to see my place! Great place! Cheap! Come on, follow me (Avec l'accent de Apu dans les Simpsons)

L'intense: Is it far from here?

- No no, don't worry about it, come with me.

J'ai pas vraiment le choix, j'en choisi un au hasard et je le suis.

Quelques mètres plus loin, me voilà en face d'un trou à rat qui me semble tout sauf sécuritaire. Ça coûte 450 Rs (environ 10$ canadien), mais je veux pas dormir là, je vois mal comment je pourrais fermer l'oeil. Goodbye Indian #1, je retourne dans la rue pour voir si un de tes semblables a mieux à offrir.

De retour dans la rue, je commence déjà à me demander où est l'hôtel de Bill. La sueur imprègne mes tempes avec et mon taux d'adrénaline frôle la zone rouge. Je refais le manège encore une ou deux fois pour voir si l'Inde à mieux à m'offrir. Pas ce soir, ça a l'air.

C'est à ce moment que je trouve mon petit coin de paradis. J'entre dans l'hôtel qui s'avèrera mon doux nid de roses pour ce soir. Au comptoir de la réception, quelques Indiens s'affairent à dormir sur le sol. Une odeur de vômi m'empli les narines et s'y incruste pour un bon moment. Je monte à l'étage en enjambant les 2 ou 3 Indiens qui dorment dans les escaliers entre les niveaux.


On me montre ma chambre. Couvre lit taché (c'est assez commun en Inde ça), mais la toilette est propre et il ne semble pas y avoir le moindre signe de vie douteux dans la crasse des lieux. La porte a l'air solide, je peux y installer mon cadena et c'est franchement tout ce qui m'importe en ce moment. 400 Rs le prix de la chambre. Bon d'accord, j'ai plus le goût de chercher.

Je retrouve par miracle l'hôtel de Bill, je prend mon backpack et je retourne à mon petit coin de paradis. J'ai rendez-vous avec Bill le lendemain matin pour le petit déjeuner. J'écris un peu dans mon journal pour soulager la tension, je finis par fermer l'oeil à moitié pour un gros 3 heures. De toute façon, à ce moment là, j'ai pas besoin de sommeil ni de nourriture, je suis Lestat l'aventurier et je me nourris d'aventures...et d'une bouteille d'eau payée 8 fois le prix!

Le lendemain, de retour à l'hôtel de Bill et Debby, je prend le petit déjeuner. Eux s'en vont au Rajasthan, dans l' extrème ouest du pays, et moi à Dharamshala, au nord. Nos chemins se séparent. J'ai pas le goût de les voir partir, ce sont mes nouveaux parents, mon nouveau port d'attache en ces mers inconnues. Mais je n'ai pas le choix, je suis venu seul en Inde et dans la solitude se déroulera une bonne partie de mon chemin.

- India's gonna blow your mind Jeff, me dit Bill

Je sort de l'hôtel, un peu ébranlé, je les aimais déjà mes Américains.

Et je me lance dans cette rue bondée de taxis rickshaw, de vaches, de yogis, de charettes, de misère et de bonheur.

Je me lance dans le vide, rempli d'espoir...

6 commentaires:

Mme Prof a dit...

Mon ancienne coloc a fait un 3 mois en Inde... dont une bonne partie pour développement (style vision mondiale), mais avec des jours de visite des attraits principaux. Ça avait l'Air bien, mais le petit confort auquel je suis habituée m'aurait manqué dans ce qu'elle m'a raconté (dormir dans des tentes, passer plusieurs jours sans se laver... ouf!)... Je m'étais dit jamais je ne pourrais aller en Inde... Ça a l'air moins pire raconté par toi, tu m'encourages à réviser mes positions;)

L'intense a dit...

Ça depend toujours de ton seuil de tolérance ;) Ce que tu perds dans le confort, je crois que tu le gagnes dans l'aventure!! C'est sur que les lits dur c'est pas facile, mais bon les journées que j'ai passé à marcher j'aurais pu dormir sur un lit de roches :P

Et pour ce qui est de l'hygiène, ca à l'air weird à dire, mais on s'y habitue... Faut juste se laver aux lingettes humides aux endroits stratégiques :P J'ai l'impression que plus on se lave, plus on pue vite...à moins que c'est parce que je sentais pu rien!!

Léa a dit...

Je t'envie enormement tu sais...Un jour, moi aussi j'irai visiter de nouveaux horizon...

Encore encore...dis m'en plus!

;)

L'intense a dit...

@ Caro : C'est le premier de bcp de posts sur le sujet je crois!! Je pourrais en parler durant des heures sans m'arrêter. Et la encore, il me reste Amsterdam, Marseille et le Maroc où il m'est arrivé des choses aussi bizarres sinon plus :P

Voyager c'est vivre. En plus avec des enfants ça doit être incroyable côté aventure et moments intenses!! Ça les ouvre au monde et aux différentes manières de penser!

Une femme libre a dit...

Comme c'est bien raconté. On s'y croirait, la peur au ventre dans la nuit comprise. L'adrénaline et le cadenas dans la porte et le sommeil court et léger de l'insécurité. Quelle aventure!

L'intense a dit...

Il reste encore 80 jours de voyage à raconter! Bon, c'est un peu moins intense par moments sinon je me serais tapé une crise de coeur avant la fin!! Parait qu'il existe le syndrôme de Delhi. Ça consiste à arriver la-bas et repartir la journée même, complètement traumatisé...