2007-03-15

Montréal -40



La première fois que je t'ai vu à travers mes yeux d'enfants, tu étais si grande, si lumineuse. Pour un petit gars de la campagne qui ne connait que les 4 rues pas loin de chez lui, tu représentais un mystère irrévélable. Et en toute honnêteté, la première chose que j'ai remarqué de toi était ton odeur nauséabonde. Cette odeur particulière qui me montait aux narines, je ne la sentais pas souvent dans mon coin où les effluves de sapins et de bouleaux dominaient l'air ambiant.

J'ai grandi, je suis devenu adolescent. Je te visitais une ou deux fois pas année, pour aller à La Ronde. Je voyais les balcons de la rue Papineau qui s'étendaient à l'infini et je me demandais comment autant de gens pouvaient vivre sur un si petit coin de terre, moi qui m'étais accoutumé à l'immense forêt des Laurentides. Tellement de trafic, de voitures qui klaxonnent, de gens différents et si peu d'arbres. Je te regardais toi et tes milliers de lumières du haut des montagnes russes. . Pour un adolescent qui se sent un peu à l'étroit dans sa petite ville et qui commence tranquillement à ressentir la liberté, tu représentais un monde de possibilités plus folles les unes que les autres. Tu étais les montagnes russes.

Un jour, j'ai eu mon permis de conduire. Je pouvais maintenant aller te voir plus souvent. J'aimais le sentiment d'être un inconnu parmi les inconnus. Le mystère s'élucidait tranquillement.

Puis, comme tous les jeunes des régions qui veulent aller à l'université, j'ai déménagé chez toi. J'ai atterri dans un 5 et 1/2 sur Christophe-Colomb et j'ai appris ce qu'était mourir de chaleur au mois de septembre et ce que c'était d'être vu comme un numéro. J'ai aussi appris à la dure ce qu'était le sens des responsabilités et l'indépendance. Je crois que je n'étais pas prêt à vivre avec toi. L'année n'a pas été facile, avec mes problèmes de consommation, mes engueulades avec mon coloc, et moi qui se demandait franchement qu'est-ce que je pouvais bien faire en enseignement au secondaire. Tous mes problèmes de l'époque m'ont fait te détester, je te jugeais responsable de mon calvaire.

Avec toi, j'étais seul.

Puis aujourd'hui, je regarde à la fenêtre. Le parc Lafontaine redevient peu à peu plus vert, la neige s'en va vers le nord, les gens sortent de l'hibernation. J'ai hâte de passer une partie de mes nuits à flâner dans tes rues. J'ai hâte de te voir fleurir.

Je crois que je commence à t'aimer, tranquillement.

10 commentaires:

Mystic Haze a dit...

Pas évident hein quand on vient de la campagne?

J'ai fait mes 4 ans de Bacc à Montréal. En face de l'UDM. Un pas pire coin tout de même. Mais je m'y sentais tellement dépendante. J'étouffais. Par chance, je vivais littéralement dans mon pavillon. Me rendant à mon petit 1½ que pour me laver et faire une sieste de 1 à 4 hres.. Je dormais le week end!!
Ensuite, 2½ans à vivre à Lachine.. encore plus mortel. y a aucune vie!
Et je suis revenue dans mon patelin.
J'ai pas encore réussi à apprécier la ville, sauf pour les innombrables commerce et le night life. Ca, y a pas mieux!

Aphrodisia a dit...

Ahh l'apprivoisement.....c'est dur mais quand on le voit comme un défi il apporte tellement!

L'intense a dit...

@Mystic: Ouais j'avoue que ca a ses avantages, a part que je suis pas trop magasinage et night life :P
Eurk Lachine! Tu nes donc pas montréalaise.


@Aphro: Il faut juste enlever la sorte de résistance naturelle ki se déploie. C'est un paradoxe total une grande ville, ya moyen de s'y épanouir autant que de sy refermer comme une huitre.

Léa a dit...

Je ne suis jamais arriver a apprivoiser Montreal... J'ai quitter ma petite ville de Quebec pour plonger tete premiere a Montreal a 12 ans.... Je ne m'en suis jamais remise... Et crois moi, je n'y retournerai jamais!

Rosie a dit...

J'ai été élevée à Mtl, maintenant j'habite Québec, que je préfère d'ailleurs.

Mon fils habite le Plateau Mont-Royal près du Parc Lafontaine, que de beaux souvenirs pour moi, le Parc Lafontaine.

C'est le fun de te lire.

@ plus

Anonyme a dit...

Quel beau texte! Ça m'émeut dans ma biappartenance régionalo-urbaine. (À cause de laquelle je me sens parfois doublement apatride).

Moi, ça fait 10 ans que j'apprivoise l'Urb et maintenant je l'aime. Mais deux fois par année ça me prend quand même un séjour dans l'est lointain pour la nature omniprésente, les inconnus qui se parlent et se regardent dans les yeux, l'air pur et le rythme lent.

L'intense a dit...

@Rosie: Avant d'habiter Montréal, je croyais que le parc Lafontaine était rempli de créatures étranges qui sortaient de leur trou à la tombée de la nuit :P Québec j'y ai été 2 ou 3 fois et je dois dire que t'as raison, c'est vraiment un bel endroit pour vivre, un genre de gros village!!

@Ironica: Voilà, tu as su résumer mieux que moi ce que nous procurent la campagne. Et dire qu'il y a plein de gens qui ne sortent jamais de l'île...

Une femme libre a dit...

Et bien, moi, je me porte à la défense de Lachine, un patelin que je n'habite pas mais que j'adore. C'est un peu la campagne en ville Lachine justement. Un bord de l'eau sympathique, des petits restos de qualité tout le long des berges, une belle piste cyclable, de la tranquillité, de la verdure, le tout à quelques minutes du centre-ville. Et ça fait maintenant partie de Montréal, Lachine!

Mystic Haze a dit...

Non, pas du tout montrealaise. Je ne suis pas loin, mais je suis une femme de la nature..:p

Medic a dit...

belle vision de Montréal ......... c'est exactement comem ça que je me sentais à Montréal puis un jour j'en ai eu assez de cette folie et je suis déménagé à un endroit d'espace