2007-03-12

La fin des illusions




Après 15 heures de train et 4 heures de bus, j'y suis. Je suis à l'endroit dont j'ai si souvent rêvé, je suis dans le fief du Dalaï Lama, à Dharamshala. Je réalise pas que j'y suis enfin. J'entre au paradis, un paradis de montagnes vertigineuses avec des centaines de pics enneigés au loin. Un paradis paisible loin de la frénésie de Delhi.

Retour en arrière. Quelques heures avant, dans la train, j'ai fait une rencontre inoubliable. J'ai croisé entre deux vagons une jeune américaine du Colorado. Elle s'en allait enseigner quelque part dans l'Himalaya l'anglais dans une petite école à quelques centaines de kilomètres de là. Cette fille était spéciale, dans ses grand yeux bleus au milieu de son mignon visage rond, il y avait la compassion d'un milier d'âme réunies sous le même toit. Ce visage là, c'était la bonté et le dévouement même. Il y avait une sérénité qui se dégageait d'elle, comme si la misère pouvait atteindre des sommets, mais jamais son coeur. Si j'ai bien appris quelque chose de ce voyage là, c'est bien que la misère n'a d'autres repères que le coeur et ça c'est si on veut bien la laisser nous gagner sans se battre.

Bon je m'égare. Avant d'arriver à Dharamshala, j'ai rencontré un Japonais dans la vingtaine qui s'en allait au même endroit que moi, il s'appelait Kenny Chi. Un vrai trippeux, un gars qui revenait d'une année en Australie pour apprendre l'anglais. Nous avons décidé de faire un bout de chemin ensemble.


Je suis donc arrivé à Dharamshala avec mon backpack rempli d'espoir et de rêves d'un monde meilleur. J'ai crû le trouver à mon arrivée quand j'ai aperçu ce village paisible au milieu des montagnes. Les moines tibétains qui marchent dans la rue, souriant, et les tibétains, ce peuple d'exilés, qui innondaient le silences de paroles et de rires. Ils sont si zen, si en communion avec le monde. Et tous ces drapeaux qui flottaient au vent...

La première nuit n'a pas été facile. Moi qui s'était habitué au climat de Delhi, je me suis retrouvé dans une chambre non chauffée à 0 degrés. Mais il m'en fallait bien plus pour m'abattre, pour abattre Lestat, ce vampire qui buvait du rêve comme d'autres boivent de l'eau.

Au matin, très tôt, j'ai décidé avec Kenny de visiter le temple du Dalaï Lama, j'avais eu vent qu'il y serait à la fin janvier ou encore au début février. Malheureusement, il n'y était pas et n'y serait pas avant un bout de temps. Pas loin du temple reposait sa demeure, entourée de gardiens avec des mitraillettes. C'était vraiment ça que je voulais voir?

J'avais perdu le tissu d'illusion qui me protégeait l'esprit des grands froids. L'intense se manifestait dans son aspect le plus négatif. Lestat bouillonnait de rage. Les petites rue paisibles de Dharamshala étaient maintenant remplies de marchands qui me harcelaient, ces pauvres tibétains qui se faisaient innonder de chinois dans leur pays natal étaient maintenant envahi ici par des milliers d'Indiens. Et il y avait cette pauvre mère de famille, veuve ou reniée, avec ses 2 enfants, qui trainait dans les rues sans compassion aucune. C'était impossible. Je n'étais pas au bon endroit.

Mon esprit devint charbonneux, ma vision acide. Je traversais mon premier moment noir du voyage.

Et c'est à ce moment que j'ai réussi à rejoindre les deux québécois que j'avais rencontré à l'aéroport de Delhi. Ils étaient pas loin, dans la même ville à leur nouvel appartement, à quelques centaines de mètres de moi. Je les ai rejoint dans un petit bar et on a fêté toute la soirée. Du rap américain résonnait sur les murs de bar, on buvait de la bière à la tonne. Ça m'a fait du bien. Parce que même si tu veux t'enfuir le plus loin possible, ça te fait toujours du bien, une fois de temps en temps, de retrouver sur ton chemin des gens qui te ressemblent.

Le lendemain, à mon hôtel, j'ai remarqué deux filles qui parlaient français. Curieux un peu, je me suis approché pour en savoir plus. Elle s'appelaient Lia et Laurence et elles étaient belges. Plus tard dans la soirée, elles m'ont présenté des gars qu'elles avaient rencontré depuis peu, les français Mathieu et Brice. Je les ai suivi à leur chambre, on a parlé de tout et de rien, de politique, de musique, de voyage. Ils avaient décidé de faire un bout les 4 ensemble, destination Manali. Je leur ai demandé:

- Qu'est-ce que vous allez faire à Manali?

- Du ski, parait qu'il y a une montagne où on peut en faire!

- C'est trop bien ça!! Est-ce que....je...peux... venir avec vous?

- Bien sûr Jeff!

Et voilà. Moi qui croyait rester à Dharamshala pour des semaines, je n'y ai passé que 3 jours, mais 3 jours de désillusion totale. J'avais rien à perdre de m'en aller voir ailleurs. Le voyage prenait une tournure différente, il passait d'une quête spirituelle à l'aventure uniquement. J'ai passé les trois semaines suivantes avec eux, entre montagne et déserts.

Mais en fait, ils n'allaient pas à Manali pour les raisons que je croyais...

12 commentaires:

Véronique a dit...

finalement ce n'est pas la destination qui compte, mais le chemin qui nous y amène...

L'intense a dit...

Vous avez tout compris lolita :)

Véronique a dit...

:D

Mystic Haze a dit...

Ce 3 jours vous a quand même appris beaucoup. Vous y avez puisé une énergie selement différente que celle dont vous vous attendiez.

Vivement la suite.

Marc-Alex a dit...

Combien de fois dans une vie où la désillusion nous envahit ? Beaucoup trop, le monde pour certains n'est que chimères et rèves. Lorsqu'ils entrent en contact avec la réalité ... BANG!
Comme tu as fait, le mieux à faire est de ne pas se retourner et d'allant de l'avant.

Léa a dit...

Comme toujours, j'aime venir me perdre dans tes récits... Pendant une fraction de seconde, je sais que j'y suis, que je ne suis plus au bureau, seule.

L'intense a dit...

@Mystic: J'ai compris ce que ma mère me répétait inlassablement, que le paradis que je cherchais était tout près, dans ma tête

@Marc-Alex: T'as absolument raison, c'est super bien être idéaliste, mais faut aussi se mettre les deux pieds bien dans la réalité pour apprécier nos rêveries

@Caroline: Merci beaucoup :) C'est triste de se sentir si seule au bureau, n'y a-til pas quelqu'un pas très loin pour te distraire un peu?

Mme Prof a dit...

Hummmm et qu'allaient-ils faire là-bas alors?? On veut la suite! :D

Léa a dit...

Imagine toi donc que je suis seule sur mon etage...ok j'ai toujours le droit a un ou deux "Gars de shop" pour venir me distraire (Emmerder!) Mais bon...
Une chance que tu es la ! ;)

L'intense a dit...

@Marâtre: Hmm...si tu veux savoir recherche un peu sur Internet, la suite devrait arriver d'ici quelques jours sinon :P

@Caroline: J'espère quau moins ils sont beaux tes gars de shop!! Ça pourrait faire mieux passer la pilule!!

Une femme libre a dit...

Mais les moines tibétains? Vous dites que vous en avez vu? Rien de plus? Ils sont coupés du monde? On peut méditer avec eux? C'est ouvert au public ou pas du tout? À part le temple bien gardé du Dalai Lama, il n'y a pas d'autres temples? Et l'altitude, c'est dur à vivre? Et la jeune américaine, vous êtes restés en contact? C'est qui ça le vampire Lestat?

L'intense a dit...

@Femme libre: ouf!! Il y a beaucoup de questions dans ce commentaire :)

Vous me faitez penser au fait que je n'ai pas parlé de ma rencontre avec le moine tibétain à Dharamshala.

Je vais tenter de répondre à ces questions dans le prochain post!