2007-07-04

Generation Bitch

Je suis assis dans ma voiture en route pour Montréal en train d'écouter le bestoff de Megadeth. Prince Of Darkness se termine, j'ai fait le tour du CD. Bon, une dernière fois Holy Wars puis je passe à la radio.

On commence par le 98,5 FM parce que j'aime bien la radio parlée. C'est Montréal maintenant qui joue. Déjà, le titre me semble assez plate à mort, mais faut laisser la chance au coureur. Après 2 minutes à écouter un interview avec un journaliste morne qui parle de Texas Hold Em avec une animatrice qui semble tout faire sauf l'écouter, je juge sage de changer de poste au plus vite.

Quelques secondes plus tard, je tombe sur la radio millionnaire d'auditeur CKOI. Les justiciers masqués font un genre d'interview de couple avec une fille qui veut divertir son chum auditivement plate comme la pluie qui tombe. Les gars posent des questions osées et le chum ne semble pas comprendre l'aspect divertissement, donc il ne répond tout simplement pas.

Les gars de la station n'ont plus d'autre choix que de partir une chanson avant que tout ça ne revire à la catastrophe et que les auditeurs pris dans le traffic ne décident de changer de station de radio ou encore tout simplement de s'engloutir dans le muret de béton qui longe la 15 pour tout l'été.

Et quelle chanson. J'entend une bande de filles en chaleur feindre l'orgasme pendant 3 minutes et demi. J'ai déjà entendu cette chanson dans un bar j'en suis sur. Je me demande quel Girl Band sévi en ce moment sur le monde occidental et j'en viens à la conclusion que ça ne peut être que les insipides Pussycat Dolls. Le tube s'appelle buttons.

Ces paroles rafraichissantes touchent directement mon âme. Je sens une spiritualité pleinement assumée dans tout ces cris de semi orgasme et ces râlement dignes d'un agressif cunnilingus.

Me sentant touché par ces paroles nécéssitant une bonne dose de spiritueux dans le sang afin d'ête digérables, je décide à mon arrivée à Mtl d'aller m'informer sur ces formidables Poupées chattes, groupe évidemment créé de toute pièce par la bande de vieux obsédés sexuels qui dirigent une quelconque multinationale de disques.

Voilà quelques exemples stimulants:

Baby can't you see
How these clothes are fitting on me
And the heat coming from the beat
I'm about to blow, I don't think you know

Ou encore tout simplement:

I'm a sexy mama

Quand je me gave de ces paroles, j'ai hâte de voir dans quelques années le beau portrait qu'on va dresser de ma génération. Ça serait facile de généraliser tout ça et de tout mettre dans le même panier, mais quoi qu'on en dise, la musique pop c'est un reflet de société.

Pour les poupées-chattes, de ce que je peux décoder entre 2 cris, ça ressemble drôlement à: Regarde moi, désire moi, c'est encore plus important que de m'aimer. Un gros boostage d'estime de soi mal placée, une vraie machine à complexe pour une fille ordinaire qui n'aime pas se faire regarder comme un morceau dans viande dans un club.

Esti que des fois je suis content que la majorité des jeunes au Québec comprennent mal l'anglais...

6 commentaires:

Aphrodisia a dit...

j'adore la fin!
hahaha!

Le JP d'amérique a dit...

En feu aujourd'hui monsieur. Je suis d'accord avec toi concernant la musique pop. Y'a tellement de musique-poubelle (pousique, appelons-la ainsi) dans les médias que c'est franchement dégueulasse. Mais les gens l'écoute. Alors, est-ce que ce sont les gens ordinaires qui écoutent ces conneries qui sont twits? Bon, bon, bon... vous me direz que les goûts musicaux ne se discutent pas. Et bien, pied de nez, j'en discute à l'instant même!

Je sais pas si ça t'est déjà arrivé l'Intense d'être dans un bar, et de te rendre compte que tout le monde semble passer une merveilleuse soirée alors que la chanson qui les poussent à crier au lieu de discuter parle comme suit...

«She's a bitch, all right, she's a fucking bitch all right...»

Tu écoutes les paroles, comprends le sens, tu te sens étrange, extra-terrestre à la limite, alors que tu regardes la jeune fille aux lèvres pulpeuses te faire un clin d'oeil sur la piste de danse. Et là, pris dans un moment de poussière où tu sais que ton salut réside dans ta compilation personnelle de cd, tu te dis, en regardant la fille aux lèvres gonflées...

«Y'é temps que j'aille manger ma poutine pour sacrer mon camp à maison».

Plus tard, dans ta voiture, sur le chemin du retour, une station Rock Matante te fait écouter un merveilleux (sic) duo avec Linda Lemay et Pierre Lapointe... Scusez, je la trouve bonne!!!

L'intense a dit...

@JP: Putain t'es encore plus en feu que moi :P t'es trop marrant

Anonyme a dit...

Oufff j'en aurais trop à dire ici...

Je me tais donc...

Très bon texte pour un débat social intéressant.

La réponse du JP d'amérique est lucide et hilarante

:o)))))

Thessa

Le JP d'amérique a dit...

@ L'Intense et thes

Merci. Ça venait de mon fond profond...

Anonyme a dit...

Le Devoir, 5 juillet 2027

Génération Exhibition

« Ils sont environ dans la quarantaine. Enfants à la fin du dernier siècle, jeunes adultes (si seulement le terme convenait) au début de celui-ci, ils sont maintenant d’âge mûr. Et mûrs pour une intense remise en question. Cette génération s’est construite au rythme de boys- et girlsbands et téléséries produits en série par les multinationales américaines. Pour se remettre pleinement dans le contexte, rappelons-nous que les États-unis, la suprématie mondiale, tenaient à ce point à l’unité de la planète (l’Afrique n’était pas encore découverte à cette époque) qu’ils ont généreusement mené de front plusieurs guerres; guerre froide, guerre (risiblement dérisoire) au terrorisme, guerre aux autres cultures jugées moindres ou barbares, et cætera. Avec tout cela en tête, le résultat n’est pas si étonnant. Une génération de personnages qui, une fois leur jeunesse éblouissante voire aveuglante passée, ne trouvent ni ne cherchent plus trop comment faire leur marque. Ayant délaissé les rêves qu’on se passait autrefois d’une génération à la suivante, ils se retrouvent le cœur vide de toute aspiration. N’en réalisent donc aucune. Qui sait que faire une fois que la façade tombe en ruine? N’ayant rien derrière, c’est la personne au complet qui s’écroule.
Dans la marge subsistent encore les éternels irréductibles, qui se sont malheureusement toujours faits discrets. Ceux qui n’ont pas compté sur leur extérieur pour réussir et qui ont préféré cultiver l’intérieur. Ceux-ci auraient dû servir de contrepoids pour obtenir un équilibre dans cette génération, mais, nous nous en sommes tous aperçu, cela ne s’est pas produit. Pourquoi? Simplement parce que l’environnement dans lequel ils ont évolué prônait la surconsommation, phénomène qu’ils savaient malsain et destructeur. Mais ainsi fonctionnait le marché de ces temps : pas de pouvoir/vouloir d’achat, pas d’existence reconnue, surtout dans les médias. Se sentant isolés les uns des autres et étant convaincus qu’ils ne trouveraient pas d’autres individus idéologiquement semblables en assez grand nombre pour produire un impact, ils peinent à faire reconnaître ou à simplement assumer leur style de vie.

Une lueur d’espoir?

L’éveil à la conscience collective. »

Éditorial pessimiste ou réaliste?