2007-08-01

Le malheur du chef-d'oeuvre

J'ai passé une partie de ma journée à fouiller dans Wikipedia à propos de plein de musiciens que j'admire. C'est bien pour apprendre plein de choses utiles dans une vie, comme apprendre que Bob Marley avait collaboré à 350 chansons avant de connaître le succès.

Je sais pas pourquoi, j'idéalise toujours les groupes de musique. J'ai toujours l'impression qu'ils ont eu de glorieuses carrières et qu'à tout moment ils provoquaient le délire chez leurs fans. Ainsi, j'ai toujours pensée que Pink Floyd avait été un groupe soudé avant de réellement connaitre leur histoire. J'ai toujours pensé qu'un groupe ne changeait pas de membres durant une carrière, que tout le monde était heureux de faire partie d'un groupe populaire.

Puis, je me suis rendu compte en lisant toutes ces biographies non autorisées que ces groupes sont comme des couples d'amoureux. Un groupe, c'est comme un mariage à 4 ou 5 finalement. C'est un bordel total. Et souvent, on a tellement l'impression que c'est beau quand on regarde ça de loin. Plus on s'approche, plus on découvre que ça fonctionne tant bien que mal malgré un paquet d'éléments tordus. Ça fonctionne souvent mal, certes, mais ça fontionne.

Je pioche fort pour exprimer mon idée. En fait, l'idée c'est de se rendre compte qu'on peut faire une merveille avec un tas de merde.

À bien y penser, c'est sûrement ça qui fait les chef-d'oeuvre. Le mal, l'hypocrisie, la soif de pouvoir, l'impuissance, l'hommerie quoi. Comme un gazon trop vert est bourré d'insecticide. Comme le gars condamné pour violence conjuguale qui avait pourtant l'air si cute avec sa copine quand il se promenait avec elle devant notre maison.

C'est la fureur de notre dark side et son côté magnifique qui se révèle dans l'art.

J'ai toujours eu l'impression que j'écrivais mes meilleurs textes quand j'étais poussé au bout de moi-même, quand tout partait de travers.

C'est donc dans le malheur et loin de la banalité du bonheur quotidien qu'ont été écrites les plus belles paroles et les plus beaux riffs.

Longue vie au malheur pour qu'enfin il puisse nous emporter tout doucement, sans qu'on se rende vraiment compte, au parfait bonheur.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Et voila une gande vérité du monde des arts et de la création:
Le Dark Side est esthétique.
La mélancolie, la fureur, l'imcompréhension, la rage, la torture, le tourment, bref tout ce qui se trouve sous le pôle "mal". J'ai la persistante impression que l'être humain est obnubilé, consciemment ou non, volontairement ou non, par ce pôle. Peut-être par un sentiment d'identification; nous avons tous déja remarqué que notre société s'articule autour de la quête du bonheur, et autour de ce concept gravitent plusieurs normes. Il est souvent idéalisé. Comment pourrait-on être heureux dans un mariage qui fonctionne mal, mais qui fonctionne? Les normes nous dictent donc que le bonheur se doit d'être absolu et que le malheur est dangereux, à proscrire. Il faut soigner ses bobos et éliminer ses vices. Or, pour un sujet dont l'existence comporte des moments de bonheur et de malheur, il sera porté à en conclure qu'il ne peut être heureux ainsi puisque son bonheur n'est pas total et absolu.
Le pôle "mal" devient esthétiquement attirant.
Mai j'ai encore l'impression qu'il me manque quelques pièces du casse-tête... Ah la psycho-socio!

Christian a dit...

La finale de ton texte exprime ce que je pense également. L'être humain ne peut se dépasser que si ça va mal, ou s'il subit une pression quelconque.

D'ailleurs, si on regarde les peuples nordiques versus les peuples des pays chauds, lesquels ont le plus contribué à l'avancement de l'humanité? Ça prend un climat rude pour faire des hommes déterminés.

Et ce bout là vient de Nietzsche je crois...